Week-end rando



Enfin le jour J. Ça y était, on allait battre la campagne de levure. Il faisait un temps magnifique et nous étions heureux de délaisser un peu notre clocher et sa culture de glaise. La croix estivale nous accompagna sur le premier tronçon du trajet, qui conduisait le long du ruisseau aux lys. Nous étions peu bavards, mais jouissions du rai des champs et de la lumière du chevreuil dans le matin à peine levé. Personne ne nous croisa en chemin ni ne nous salua si ce n'est un agnegalet.

(refrain, chanté)

Week-end rando, week-end rando
Zoïèhuumi manuméo
Dédaboki mazmèkao
Week-end rando, week-end rando


Sur les entrefaites le soleil était presque à son zénith. La frontière aux trèfles passée, nous étions arrivés dans l’outre-pays. Le silence cervidé nous incita à chuchoter. Prudemment, nous avançâmes, en rampant, par une prairie pleine de rictus roses et de champignons-corbeaux. Ni souffle ni lueur encore du coq ortif, puisqu'il ne se réveille qu’avec la lune tardive. Doux bruissement d’un lapin perdu déguerpissant devant nous. Silence ou tranquillité tympeuse ? Est-ce une poule de brume qui s’engouffre là dans les bosquets ?

(refrain)


Quelque chose cloche. Le faux printemps virait et nous n’avions pas de guide de brouillard. Nous pensions emprunter une allée déroulée, mais il s’agissait bien plutôt d’un sentier contre-pied ou en ceinture menant, par un virage sous-jacent au milieu d’herbes de traverse, dans cette fétide vallée camarde. Pourrait-il s’agir du quartier du ragot où vit le sanglier rebrousse ?… Un grumellement malin dans le bois de varech ! L’omnimatou, ou le ricanement de la chienne des eaux stagnantes !

(refrain, en mineur)


Perdus. Vu le firmament adventice, à la fin de la terre, donc. On meurt. Mais comment ? Dans le flux vermoulu, dans le feu en pente alors que l’obscurité se fait sinueuse, à cause des éclairs moussus et de la taupe foudroyante ? À la pique de l’hiver ?



Traduction : Daniel Cunin, 2002